La Lettre du patrimoine scientifique et technique est un bilan annuel de l'état de la conservation et surtout de la documentation et de la recherche autour d'un certain nombre d'œuvres ou de sujets ayant trait au patrimoine scientifique et technique en France. Elle s'intéresse en particulier à la question de la documentation des mécanismes et instruments scientifiques, et notamment des horloges astronomiques, qui dépendent de structures patrimoniales comme la DRAC ou des musées.
Il y a actuellement de sérieux problèmes, notamment dans le développement scientifique des œuvres qui est, à mon avis, insuffisant, mais aussi dans l'implication des chercheurs et dans la communication des données. Les interventions organisées par la DRAC ou des musées impliquent des restaurateurs et conduisent à des rapports, mais il y a très peu d'échanges avec les chercheurs, leurs besoins ne sont pas pris en compte et, en règle générale, l'accès des chercheurs aux archives du patrimoine est limité, contrairement à ce que l'on pourrait croire. La priorité des structures patrimoniales est souvent d'aller directement vers le public, de réaliser des mises en scène, et donc de montrer que quelque chose est fait pour le patrimoine, quelquefois en faisant de la recherche, mais de la recherche décidée par les conservateurs seuls, sans être à l'écoute des chercheurs. On en arrive à la situation paradoxale où des chercheurs ont des compétences pour étudier des œuvres, mais que les demandes de ces chercheurs sont balayées, et que la communication des archives et rapports est freinée. Un exemple frappant est celui de l'horloge astronomique de la cathédrale de Besançon, dont les mécanismes sont grandement accessibles, mais qui n'a fait l'objet d'aucune description détaillée depuis plus d'un siècle et demi. Les demandes que j'ai par exemple faites dans ce sens à la DRAC dès les années 2010 sont restées lettres mortes.
Cet exemple et d'autres sont décrits dans la lettre annuelle et j'espère ainsi pouvoir mieux faire apparaître les carences de la gestion de ce patrimoine et, qui sait, faire évoluer un peu la situation.
Bien évidemment, ces lettres ne reflètent que mon expérience et elles se cantonnent aux sujets que je connais. Je crois cependant qu'elles sont représentatives de ce qui se fait dans le domaine plus général du patrimoine industriel, technique et scientifique.
Cela dit, il ne faudrait pas pour autant voir uniquement le mauvais côté des choses. Toutes les administrations patrimoniales ne sont pas fermées à la recherche ou à la collaboration avec les chercheurs indépendants et j'ai eu et ai encore d'excellentes collaborations avec diverses structures, mais ces collaborations ne sont pas détaillées dans les lettres du patrimoine.
D. Roegel.
Dernière modification : 2 octobre 2023.